Chaire Imaginaires Émancipés
Responsable : Émilie Goudal
2023-2028
La Chaire junior « Imaginaires émancipés » investit les traces d'une histoire visuelle de l'émancipation depuis le contexte de la décolonisation algérienne, comme moteur épistémologique. Ouvrir une autre généalogie attentive au dialogue transitionnel suscité par les indépendances et les solidarités internationales constitue à ce titre un des ancrages possibles pour penser une histoire mondiale critique des arts visuels et des mutations esthétiques en résistance.
Amarré à l’axe 1 « Dispositif, image, mémoire » du CEAC, ce programme de recherche quinquennal veut ainsi mesurer la manière dont les artistes et les œuvres posent un droit de regards (Derrida, 1985) sur les narrations historiques et politiques, défient et érodent un impensé colonial et un « inconscient visuel » au présent, par la voie de pratiques artistiques et visuelles qui travaillent les processus d'écriture de l'histoire de l'art, tout en interrogeant la portée politique et critique du réengagement des imaginaires.
Attentif aux enjeux politiques et sociohistoriques du visuel, des productions convoquent un espace critique et réengagent d’autres imaginaires à l’appui de trajectoires transnationales alternatives, d’images ou d’archives ensevelies et d’utopies révolutionnaires réinvesties. Cette recherche veut ainsi saisir les contours, les ressorts critiques et les échos contemporains d’une mise en récit visuelle de fragments des luttes émancipatrices. L’historicité et l’acuité de leur présence réactivée dans le champ des représentations visuelles, politiques et culturelles contemporaines interrogent notre présent.
Le projet d'écriture de la Chaire, à la fois filmique, éditoriale et curatoriale, vise ainsi à un arpentage critique de l'histoire de l'art et de la culture visuelle, pensée sous le signe de l'émancipation. Des études ciblées de cas interconnectés, consacrées à différents objets visuels et textuels (photographies, œuvres plastiques, films, archives, etc.) permettront dès lors d'appréhender les renégociations de certains imaginaires établis. L'enjeu est d'aboutir à une grille d'analyse des esthétiques en résistance à l'échelle internationale, qui transcendent la représentation stricto sensu de l'Algérie coloniale et postcoloniale, pour ouvrir finalement la possibilité de se saisir, à sa suite, d'autres corpus, d'autres gestes artistiques et d'autres représentations critiques convergeant vers une émancipation des assignations sociales et politiques plurielles, avec et tout contre l'image.
Cette chaire déploiera plusieurs manifestations et formes de restitution de ses travaux : un séminaire itinérant et mutualisé (Université de Lille, Université Gustave Eiffel) en 2025-2026 ; des expositions itinérantes (Ces voix qui m’assiègent… – Cité des Arts Paris 2024 /Institut Français, Alger 2025 ; À distance… Dennis Adams : série et « reflections » algériennes - Alger, Paris, New York) ; un cycle de rencontre ciné-débat ; un film documentaire, des publications et un colloque international.