Sens mineurs : la dimension olfactive

Créé à la rentrée 2012 par Valérie Boudier (UdL-CEAC) et par Gilles Froger (professeur d'enseignement artistique et critique d’art, ESA-CEAC), le programme de recherche Sens mineurs – Le goût, le toucher, l’odorat (associé à un séminaire de Master mutualisé) interroge dans le champ des arts plastiques et visuels les sens longtemps considérés comme mineurs que sont le goût, le toucher et l’odorat. L’une des singularités de ce programme est sa dimension diachronique : l’étude des représentations des sens mineurs dans les œuvres essentiellement picturales de l’époque moderne permet de mettre en perspective leur mise en jeu dans les œuvres contemporaines.

La phase du programme réalisé entre 2016 et 2018 a concerné la dimension olfactive, sa présence et/ou sa représentation dans les œuvres d’art. En 2017, le séminaire a accueilli l'artiste Julie Fortier (workshop et restitution performative de travaux d'étudiants dans la Galerie Commune). Ce programme s’est poursuivi avec la collaboration d’une chercheuse de l'Université de Lille – Sciences et Technologies, Patricia Nagnan-Le Meillour (directrice de recherche, INRA), qui a ouvert en 2017 aux étudiants et enseignants son laboratoire de Glycobiologie Structurale et Fonctionnelle (UMR 8576 CNRS/Université de Lille 1/USC INRA 1409), ce qui a permis de considérer l'olfaction sous la perspective de la communication chimique et d'en dépasser l'interprétation courante en prenant en compte la dimension première de la circulation de l'information entre les êtres vivants. Ce sont entre autres ces questions posées par les recherches s'intéressant ainsi aux messages chimiques échangés dans le règne animal qui seront déplacées et confrontées aux propositions des artistes d'aujourd'hui, dont les travaux suggèrent quant à eux des interprétations singulières de l'olfactif. D'autres chercheurs, dont le compositeur et musicologue Francis Courtot (CEAC), sont intervenus au cours du séminaire. Enfin, à côté d'une exposition des travaux d'étudiants suscités par ce programme, une journée d'étude accueillant des artistes (dont Boris Raux) et des chercheurs autour de la question de la mise en jeu des odeurs corporelles dans l'art contemporain a été organisée le jeudi 12 avril 2018 dans l'amphithéâtre du Pôle Arts Plastiques de Tourcoing. Le programme se poursuit en 2019-2020 avec une approche croisant le sens du goût et celui de l’olfaction. Un ensemble d’œuvres contemporaines sera analysé à travers le prisme d’une réflexion portant sur la présentation et les représentations de ces deux sens dans l’art ancien. Plusieurs artistes et chercheurs interviendront cette année encore au sein du séminaire.


Activités Arts et Sciences du Master Arts parcours « Exposition / Production des œuvres d'art » contemporain

Porté par Amanda Crabtree, les activités Arts et Sciences du Master Arts parcours "Exposition / Production des œuvres d'art contemporain" se développent depuis 2018, en lien avec les projets mis en œuvre par artconnexion et initiés par plusieurs acteurs du monde de l'art et des sciences, dont l'artiste Nicolas Floc'h et les chercheurs de la Station marine de Wimereux (Laboratoire d'Océanologie et de Géosciences - Université de Lille) : Fabrice Lizon et Hervé Loisel.

En 2018, les étudiants du Master 1 ont travaillé sur l'exposition 48°N 4°W (Galerie 36 bis, École supérieure d'art du Nord-Pas-de-Calais, site de Tourcoing). L'exposition a permis de montrer les oeuvres de Nicolas Floc'h, Fabrice Lizon et Leïla Rose Willis et de présenter les recherches menées par  la Station marine. Cette exposition s'inscrivait dans le cadre du projet "Les travailleurs de la mer" co-financé par la Fondation Carasso (programme Art Citoyen). Pour les étudiants, il s'agissait de concevoir la scénographie autour de l'exposition, de réaliser le montage avec l'artiste et de mettre en place la communication et la médiation. Conjointement conduites par les artistes et les scientifiques, ces recherches soulèvent la question de la biodiversité de la mer, afin d'observer les interactions entre les organismes et le fonctionnement des écosystèmes pour comprendre comment préserver, restaurer ou exploiter durablement les ressources biologiques.


Théories de la vision et perception des images

Initiée en 2014-2015 à travers le programme « Oculométrie et perception des images : nouveaux enjeux esthétiques » coordonné par Nathalie Delbard et Dork Zabunyan au sein de l’Imaginarium de Tourcoing (SCV) en collaboration avec Laurent Sparrow, chercheur en Psychologie cognitive et spécialiste de la vision (Université de Lille SCAlab), cette recherche vise à interroger les formes et les contextes de la perception des images à travers les théories de la vision et les études récentes en anthropologie du regard. L’enjeu est de renouveler les méthodes d’analyse des images, notamment dans le champ de la photographie, du cinéma et des médias, en examinant les modalités actuelles de nos comportements attentionnels. Ces questionnements donneront lieu en 2020 à la publication de deux ouvrages : L’oeil mouvementé. Esthétique des images et oculométrie, aux Presses du Réel, sous la direction de Nathalie Delbard et Dork Zabunyan, et L’œil distrait. Figures et contextes de la dispersion du regard, aux Presses du Septentrion, sous la direction d’Emmanuelle André et de Nathalie Delbard.

Projets réalisés : collaboration avec le CNRS et Mathias Blanc, chercheur en Sociologie (SCV), autour de l’exposition au Louvre-Lens « Le mystère Le Nain », qui a permis de mesurer l’écart perceptif entre une peinture vue au musée et sa reproduction sur écran (2017) ; collaboration ponctuelle avec Ludovic Macaire, responsable de l’équipe Imagerie Couleur du Laboratoire CRIStAL (Université de Lille), ayant conduit aux mesures oculométriques de photographies de Jean-Luc Tartarin, en collaboration avec le CRP/ Hauts de France (2018) ; participation au Labex « Politiques de la distraction » porté par l’Université Paris 8 (Dork Zabunyan), et l’ENSAD (Paul Sztulman), qui vise à étudier plus spécifiquement les phénomènes relevant d’une apparente inattention ou d’une forme de dispersion du regard, afin de repenser la notion de « distraction » telle qu’elle a été notamment théorisée par S. Kracauer et W. Benjamin, et qui a donné lieu à un colloque au printemps 2019 au Fresnoy, avec E. André.

PRIST, Arts et Sciences

http://prist-esanpdc.fr/

Porté par l’École Supérieure d’art du Nord-Pas-de-Calais (Esä), le programme Images, sciences et technologies (PRIST) développe depuis 2015 des activités de recherche, d’exposition et d’édition sur les liens entre les arts, les sciences et les technologies dans l’objectif d’ouvrir la recherche en art aux sciences exactes. Ces collaborations arts et sciences soulèvent en retour de nouvelles questions pour les chercheurs. PRIST s’adresse chaque année à une vingtaine d’étudiants de Master de l’Ésä et de l’Université qui cheminent au voisinage de scientifiques, visitent leurs laboratoires et effectuent des séances d’expérimentation sur leurs instruments de recherche. Ce programme est mené sous la direction de Nathalie Stefanov (chercheuse associée CEAC), avec Silvain Vanot, Cyril Crignon, Marie Lelouche et Stéphane Cabée, tous professeurs à l’Esä. Chaque année, il met en oeuvre des expositions qui interrogent à leur manière les activités scientifiques des chercheurs associés. Il s’accompagne annuellement d’un catalogue qui réunit les articles des chercheurs et des artistes. Il s’ancre dans l’histoire des pratiques artistiques qui font usage du “matériau” science, en tant que ce dernier recèle une grande capacité d’ensemencement. Ce programme permet d’interroger les enjeux du travail créateur, qu’il soit d’ordre artistique ou scientifique.

2015- 2016 : PRIST a travaillé sur le corps dit “augmenté”, un sujet étudié autant par la science que par l’art, en tenant compte de la place importante que prenait alors dans l’actualité scientifique l’intelligence artificielle. C’est sous l’angle des connaissances récentes produites dans le domaine des sciences cognitives que cette recherche fut construite, en partenariat avec le laboratoire ScaLab (CNRS, Université de Lille). Les rencontres avec les chercheurs eurent lieu au sein de la Plateforme technologique EquipEx à l’Imaginarium (Tourcoing). Pour développer leur production plastique, les étudiants ont pu prendre part à des « passations » dont l’objectif était de comprendre la réaction de leur cerveau à des stimuli liés au langage. 

 

2016-2017 : PRIST a développé une recherche sur l’imagerie scientifique et en particulier sur la microscopie, en collaboration avec le centre d’art contemporain Espace Croisé, la photothèque du CNRS - qui détient un fond de plus de cinquante mille images issues de laboratoires -, ainsi qu’avec la Plateforme de microscopie photonique TISBio (CNRS - Université de Lille), grâce à laquelle il fut possible pour les étudiants d’élaborer leurs propres images à partir de l’usage de microscopes et d’ouvrir la réflexion à de nouveaux concepts relatifs à la perception et à l’objet regardé.

 

2017-2018 : PRIST a porté sur l’étude des constituants fondamentaux de la matière. Après avoir fait intervenir l’astrophysicien Aurélien Barrau et l’historienne des sciences, Charlotte Bigg, l’équipe du programme a pu observer les sciences "en action », à partir des importants laboratoires liés à la physique fondamentale que sont le Paul Scherrer Institut (PSI) et le CERN qui les ont accueillis lors d’un séjour d’étude et dont plusieurs chercheurs ont été associés au programme dans toutes ses dimensions (conceptions des oeuvres, expositions, conférences, publications).

 

2018-2020 : PRIST s’est associé avec le laboratoire en physique et chimie de l’atmosphère, le Labex CaPPA (Université de Lille), afin de d’interroger, dans le contexte de l'anthropocène, les questions liées aux perturbations anthropiques de notre atmosphère. 

 

2019-2010 : PRIST poursuit sa recherche sur la nature des liens entre les végétaux, les animaux, les humains et les machines, en interrogeant les notions de continuité et de discontinuité entre ces domaines, à l’heure du numérique, des objets connectés mais aussi à celle des ruptures paradigmatiques entre les concepts de nature et de culture.

 

Par ailleurs, depuis 2017, PRIST collabore avec Polytech’Lille dans le cadre d’un module annuel de Co-création Arts et Sciences qui conduit des étudiants ingénieurs en Master à travailler sur les projets plastiques des étudiants en art, projets conçus dans le cadre de PRIST, en fonction des sujets de recherche posés.


Collectif Œuvres et recherches

Oeuvres et recherches se présente comme un relais des collaborations Art/Sciences-Technologies en Hauts-de-France et en Belgique. Il est co-piloté par la ComUE LNF et le laboratoire CRIStAL. Ce dispositif a mis en place un collectif de chercheurs dont l’objectif est de développer différentes formes de collaboration et co-création entre artistes et chercheurs en sciences  exactes ou en sciences humaines. Oeuvres et recherches comprend aussi un programme de résidences AirLab permettant à des artistes d’être financés pour venir passer trois mois dans un laboratoire pour produire une œuvre.

 

Le CEAC contribue à ce collectif de chercheurs en participant à des ateliers de recherche.

http://www.cristal.univ-lille.fr/oeuvres-et-recherches/2019/03/15/atelier-thematique-n1-les-relations-art-sciences-et-les-enjeux-de-la-mediation/

 

Le laboratoire participe également au Forum Ouvert Oeuvre et Recherche (F.O.O.R) et aux expositions produites dans ce cadre.

http://www.cristal.univ-lille.fr/oeuvres-et-recherches/wp-content/uploads/2018/09/PROGRAMME-FOOR-EXPO-1.pdf

 

http://www.cristal.univ-lille.fr/oeuvres-et-recherches/


Recherches doctorales

Cindy Coutant : Pratiques du contre-dispositif en milieux numériques

Sous la direction du Pr. Nathalie Delbard (UdL - CEAC EA 3587), en co-tutelle avec le Studio national des arts contemporain, Le Fresnoy

Selon Giorgio Griziotti, « nous vivons une transition sociale, économique et technologique qui conduit le capitalisme à passer du stade industriel au stade biocognitif, à étendre la production jusqu’au cœur de la vie et de ses formes ». En s’immisçant dans les sphères les plus intimes de l’existence humaine, via l’exploitation des affects, attentions, comportements et émotions ; en maintenant les objets techniques à distance de toute appropriation, l’industrie du numérique influence en profondeur l’élaboration de la subjectivité humaine incorporée dans ses outils médiatiques, sa capacité à se constituer en corps politique, à « faire monde » avec l’ensemble du vivant et du non-vivant. 

Élaborée partir de la notion de technogénèse — à savoir la manière dont les êtres humains et objets techniques co-évoluent au fil de leurs interactions —, cette thèse de doctorat se propose d’explorer les dispositifs produits par l’industrie, leur ancrage philosophique, leurs imaginaires et mythes fondateurs, et de les mettre en regard avec les contre-dispositifs et contre-récits proposés par les humanités numériques, les arts plastiques et la littérature pour penser une nouvelle cosmotechnologie dont la composante humaine se trouve décentrée. 

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Carlijn Juste : New Media Art in the Museum Environment. A Problem-Oriented Study of the Exhibition of Interactive, Digital, and Immaterial Objects in the Art Museum.

Sous la direction du Pr. Véronique Goudinoux (UdL – EA CEAC 3587), en co-tutelle avec le Pr. Ann-Sophie Lehmann (Rijksuniversiteit Groningen, Faculty of Arts).

Les nouvelles technologies de communication et l'ordinateur ont été utilisés pour et par la production artistique depuis les années soixante du XXe siècle, phénomène qui a été amplifié par le développement d'internet durant les années 1990. Après une longue période d'hésitation, ces nouvelles pratiques ont frayé leur chemin dans le musée, cela non sans poser problème car, dotées de caractéristiques singulières telles que leur interactivité, leur variabilité et leur caractère éphémère, elles défient certaines des conceptions du musées, conduisant dès lors le chercheur mener des enquêtes visant à proposer en la matière des solutions innovantes.

Comment exposer une œuvre d'art qui existe seulement dans l'interaction avec le spectateur-participant, interaction variable et immatérielle, ce qui rend chaque perception de l’œuvre potentiellement unique ?  Quelles nouvelles méthodes le musée a dû et doit encore développer afin d'exposer ces nouvelles formes artistiques adéquatement et quelle est la conséquence de ce nouveau contexte pour l’œuvre même ?

Ce travail de recherche va analyser des stratégies muséales mises en place pour exposer ces œuvres en observant des expositions réelles.

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Nathalie Stefanov : L’essor des pratiques artistiques au sein des laboratoires de sciences exactes.

Sous la co-direction des Pr. Nathalie Delbard (CEAC EA 3587) et Corentin Spriet (UGSF. UMR. 8576. CNRS), Université de Lille.

Ce doctorat porte sur l’étude de l’essor des pratiques artistiques au sein des laboratoires de sciences exactes, en s’appuyant notamment sur les expériences menées dans la région des Hauts-de-France. Cette recherche s’inscrit dans une étude plus large sur les ancrages institutionnels spécifiques qui permettent l’émergence des pratiques à l’interface des arts et des sciences. Elle permet d’interroger les conditions d'émergence du travail créateur, qu’il soit d’ordre artistique ou scientifique.

Dernières publications 

I. Titre de l’article: Delphine Lermite: l’artiste et le laboratoire. Du paysage romantique à l’installation participative.

Résumé

L'objet de cet article est d’étudier les nouveaux régimes de collaboration entre artistes et scientifiques à partir de l’analyse du projet que l’artiste Delphine Lermite a effectué avec Laurent Grisoni, chercheur au laboratoire MINT/ CRIStAL. En s'appuyant sur le tableau de Caspar David Friedrich Voyageur contemplant une mer de nuages (1818), l'artiste et le laboratoire ont réalisé une installation artistique complexe qui met en jeu la mise en spectacle du paysage. Ce projet répond à un appel d'offre dont l'étude fait apparaître qu'il conditionne pour une part les modalités de la production collaborative et engage l’artiste et le laboratoire à développer des activités dites « innovantes »  dans le contexte de la société de la connaissance.

Pour citer ce document

Nathalie Stefanov, «Delphine Lermite : l’artiste et le laboratoire. Du paysage romantique à l’installation participative», déméter [En ligne], Œuvrer à plusieurs : enjeux d'aujourd'hui, Textes, Articles, Thématiques, mis à jour le : 04/12/2018, URL : http://demeter.revue.univ-lille3.fr/lodel9/index.php?id=1532

II. Titre de l’article : Zoom sur l’invisible, in cat. Air Fictions, Éditions de l’École Supérieure d’Art du Nord-pas-de-Calais, Tourcoing, 2019, pp. 10-17. [Co-direction de la publication avec Cyril Crignon]

Résumé 

L’atmosphère terrestre a ceci de particulier qu’elle est invisible à l’oeil nu. Mais le contexte de l’anthropocène engage à penser son opacité davantage que sa transparence. Quelles représentations l’artiste donne-t-il aujourd’hui de cet objet ? Les connaissances en provenance des sciences peuvent-elles répondre aux questions artistiques ? Certains artistes le pensent alors que d’autres poursuivent, consciemment ou non, l’héritage romantique qui eu recours au surnaturel et à l’ésotérisme pour se construire en opposition à la science. En s’appuyant sur les textes de Charles Baudelaire et d’André Breton comparés à la pensée - hostilement évoquée par ces poètes -, du philosophe positiviste Auguste Comte, ce texte s’intéresse à des pratiques artistiques qui donnent à voir l’atmosphère par le prisme des données scientifiques, plutôt que par celui du surnaturel ou de la mystique. Loin de dépoétiser l’art par la science, ces pratiques, inscrites comme elles le sont dans une perspective critique, font retour aux observables pour inventer de nouvelles représentations du monde et de ses devenirs.