Programme Couleurs et Altérités (à partir de l’automne 2026)

sous la direction de Jessie Martin

Le programme étudiera la manière dont la couleur — à travers des pratiques, des discours — distingue et catégorise des personnes souvent perçues comme « autres » en raison de leur genre, de leur « race » ou de leur classe, et des objets dévalués en raison de leur qualité ou de leur nature. Il analysera comment ces usages produisent des effets de stigmatisation, de relégation, de domination, mais aussi comment ils suscitent, en retour, des démarches de revalorisation, de réappropriation et d’empouvoirement.

Ces distinctions et leurs effets s’appuient sur un héritage théorique et culturel ancien et solide. Celui-ci alimente des conceptions de la couleur le plus souvent péjoratives, plus rarement positives, relayées et prolongées par de nombreux discours et pratiques — culturels, artistiques, politiques — qui façonnent la vie sociale et économique. Elles contribuent ainsi à créer des identités et des formes d’altérité en s’appuyant sur des imaginaires et des représentations scientifiques, artistiques et culturelles dominantes. Le programme s’attachera ainsi à étudier la couleur prise sur cette ligne de crête entre relégation et valorisation, domination et empouvoirement, invisibilisation et stigmatisation.

Il s’organisera en trois axes :

- Un premier axe, plus théorique, étudiera les différentes conceptions philosophiques et culturelles ainsi que les imaginaires sur lesquels repose cette entreprise de dévalorisation et plus rarement de valorisation de la couleur. 

- Un deuxième axe analysera les discours (critiques d’œuvres artistiques, propos d’artistes, argumentaires promotionnels, messages publicitaires, discours savants et scientifiques, discours institutionnels, politiques) qui ancrent, véhiculent, et pérennisent ces effets. 

- Un troisième axe analysera les différentes pratiques dans lesquelles ces effets se manifestent : représentations scientifiques (ouvrages illustrés), artistiques et culturelles (précisément dans les domaines des Beaux-Arts et des arts décoratifs, incluant le design et la mode), mais également les espaces où elles s’exercent : les usines où le travail de coloration est largement exercé par des femmes mal ou moins payées ; dans le cadre des politiques culturelles et sociales, les espaces d’expositions des représentations en couleurs, etc.

Le programme portera sur une zone couvrant les anciens empires coloniaux d’Europe du Nord (France, Belgique, Pays-Bas, Royaume-Uni, Allemagne) et leurs anciennes colonies, ainsi que les États-Unis. Il s’intéressera à une période allant du milieu du XIXᵉ siècle jusqu’à aujourd’hui. 

Il adoptera une perspective pluri et interdisciplinaire, faisant appel à des chercheurs travaillant en Esthétique, Culture visuelle, Histoire de l’art et des arts, Histoire culturelle, économique et technique, Sociologie et Anthropologie, Études coloniales et post-coloniales, Études sur le genre.

 

Membres du programme (à ce jour, partenariat et collaboration en construction) :

Jessie Martin (Professeure des universités, CEAC)

Cécile de Coninck (Docteure CEAC)

Messaline Raverdy (Artiste, cinéaste)