Programme « Écouter – Lieu, architecture et politique »

Responsable Alexandre Chèvremont

Prenant la suite du séminaire doctoral « Changements de paradigmes » (2024), le programme entend explorer la question de l’écoute dans toutes ses dimensions, esthétique, phénoménologique et politique. Si la démocratie est un régime qui donne à la voix une portée politique (par le vote, par l'expression dans l'espace public), l’écoute est le plus souvent rangée du côté de l’obéissance et d’un modèle politique par conséquent autoritaire. Pourtant, les sound studies et les travaux les plus récents ont mis en valeur la dimension de l’écoute bien plus que celle de la voix. L'écoute peut être individualisée jusqu'à l'isolement (le casque audio en est le meilleur exemple) et favoriser l'espionnage ou la surveillance d'un pouvoir coercitif (la "mise sur écoute"), mais elle a aussi une portée collective et démocratique, et offre la capacité de relier les êtres humains entre eux et à ce qui relève du « non humain », dans une écologie - acoustique - à la fois environnementale, sociale et mentale pour reprendre les trois écologies de Félix Guattari. Une des hypothèses que le programme cherche à vérifier consiste à penser que les appareils d'écoute doivent être corrélés au rôle de l’architecture, qui est ici central, pour autant qu'au lieu d’isoler et d’abriter l’auditeur du bruit extérieur, l’architecture ouvre sur l’écoute d'un lieu singulier, et permet une relation entre le dedans et le dehors.